FFSA GT4 2025: sauver le GT4 français, une mission à haut risque
- Circuits Infos
- 26 mars
- 3 min de lecture
Le 26/03/2024

Le championnat de France FFSA GT, autrefois fleuron du sport automobile national, traverse une période délicate. Alors qu’il attirait encore récemment près de quarante voitures sur la grille, la catégorie GT4 connaît depuis deux saisons une baisse significative de participation.
Une situation préoccupante qui pousse son promoteur, SRO Motorsports, à revoir en profondeur sa copie pour tenter de relancer la machine en 2025. Mais est-ce suffisant ?
Une désaffection progressive, mais prévisible
Le constat est sans appel : le FFSA GT ne fait plus recette comme avant. L’engouement faiblit, les grilles se vident, et les paddocks se font moins animés, les bruits de couloirs annonces péniblement une quinzaine d'autos cette année. Pourtant, la formule avait tout pour plaire : des voitures spectaculaires, une réglementation GT4 accessible, et une belle mixité entre amateurs éclairés et jeunes talents ambitieux.
Mais en coulisses, c’est surtout une question de budget qui mine la discipline. En l’espace de deux ans, les coûts ont explosé : +30 à 40 % selon les équipes. La faute à l’inflation généralisée, mais aussi à une accumulation de dépenses souvent sous-estimées : réévaluation des droits d’inscription, prix du carburant et des pneumatiques, logistique, hébergement, etc. Résultat : les budgets tournent désormais autour de 100 000 € la saison ( voir plus selon certaines indiscrétions), un seuil que peu de pilotes peuvent franchir sans un solide soutien financier.
Une concurrence interne… au sein de SRO
Paradoxalement, la concurrence vient aussi de l’intérieur. Le GT4 European Series, également organisé par SRO, attire de plus en plus de pilotes français. À budget quasi équivalent, ceux-ci préfèrent s’exporter vers des circuits européens plus prestigieux, souvent plus valorisants pour leur carrière. Un choix logique dans un sport où la visibilité et la progression priment.
Des mesures pour relancer l’attractivité
Face à cette érosion, SRO prend le taureau par les cornes et annonce plusieurs réformes pour 2025. Objectif : rendre le championnat plus lisible, plus économique, et surtout, plus attractif.
Fin de la Silver Cup : L’abandon de cette catégorie souvent jugée floue permettra une meilleure compréhension des enjeux, avec deux classes bien définies : Pro-Am et Am.
Valorisation des amateurs : Le retour en grâce des pilotes Bronze s’accompagne de la création d’un prix de "Gentleman de l’année", remis à la fin de saison lors des SRO Awards. Une initiative qui vise à remettre en lumière ces passionnés qui forment la colonne vertébrale du championnat depuis près de 30 ans.
Dotation exceptionnelle pour les jeunes : Une bourse de 150 000 € sera attribuée à un pilote de moins de 30 ans, afin de lui permettre d’accéder à la catégorie GT3. Une démarche ambitieuse rendue possible grâce à un partenariat renforcé avec la FFSA Academy.
La FFSA Academy en renfort
Ce programme d’accompagnement sur-mesure promet bien plus qu’un simple coup de pouce financier. Les jeunes sélectionnés bénéficieront d’un encadrement global : coaching physique et mental, débriefings techniques, formation aux médias, cours de langues, gestion des réseaux sociaux, et même immersion dans des écuries professionnelles du GT3. Une formule complète censée faciliter la transition vers les catégories supérieures.
Mais une question subsiste : tout cela suffira-t-il à inverser la tendance ?
Un pari risqué mais nécessaire
Le retour aux fondamentaux semble salutaire, voire urgent. Le FFSA GT tente de retrouver l’ADN qui avait fait son succès : accessibilité, proximité, passion. Mais dans un contexte où les compétitions se multiplient, où les sponsors se font rares, et où les jeunes pilotes visent avant tout l’exposition internationale, la tâche s’annonce ardue.
Le championnat 2025 sera donc une année charnière. Si les mesures séduisent sur le papier, leur application concrète et leur impact réel sur les engagements seront scrutés de près. Le public, toujours fidèle sur les circuits, espère revoir des grilles pleines et des batailles acharnées. Reste à savoir si les pilotes, eux, répondront présents. Comme bien souvent par le passé, les mêmes causes produisent inlassablement les mêmes effets. Le temps des plateaux pléthoriques des années 80 et 90 semble désormais appartenir à une autre époque, presque nostalgique. À cette époque, l’engagement en compétition relevait plus de la passion que d’un calcul économique.
Aujourd’hui, la professionnalisation croissante, la montée des coûts, la standardisation des formats et la quête permanente de rentabilité ont rebattu les cartes. Pourtant, l’intérêt pour l’automobile et le sport automobile reste bien vivant dans l’Hexagone : il n’y a qu’à voir l’engouement pour les rassemblements de passionnés ou les trackdays, qui affichent souvent complet.
Une preuve supplémentaire que la passion est toujours là, mais qu’elle cherche peut-être d’autres terrains d’expression, plus accessibles et moins formatés. On est bien loin de tout cela aujourd’hui. J. Delaissieux
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